Dimanche 03 Février 2013 - Partie 2 – Cérémonie du mariage chez les Hamers
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Nous quittons donc Turmi pour une heure de route environ. Le village n’est pas loin, mais la derrière partie du parcours finit sur une étroite piste.

Nous arrivons au village et rejoignons les autres touristes ayants eu la même idée que nous. A dire vrai, c’est l’ensemble des touristes présents dans la région qui se sont donnés rendez-vous ici, et comme nous sommes en période de haute-saison, on est bien …. pffff … 20-30 touristes tout au plus Pas de quoi fouetter un chat (à la rigueur une femme – les traditions, ça se respecte ).

Parlons maintenant un peu de la fête. Celle-ci n’est pas un simulacre de cérémonie organisé pour les touristes. C’est une réelle fête qui serait tout de même organisée par le village même sans la présence d’européens. Elle se tient une fois par an environ et tous les autres villages des alentours (qui sont tous liés entre eux par des liens de mariage ou de sang) sont invités. En tout, il y a 2 à 300 personnes je dirai. Nous, touristes, sommes les bienvenus (contre une bonne participation ), et avons droit de faire toutes les photos que nous voulons, Quand aux villageois, ils ont instruction de ne pas demander pas à être payé pour les photos durant la cérémonie. C’est donc très convivial, et personne n’importune personne.

Nous avons avec nous un guide local qui nous expliquera un peu le déroulement. Au début, c’est un peu déroutant, car on a l’impression que rien n’est prévu et que personne ne dirige les cérémonies. Les choses se font, sans vraiment de chef de cérémonie (les anciens sont tout de même là pour garder un œil … on a bien remarqué qu’ils grondaient certaines femmes ou jeunes hommes )

Avant de passer aux photos, il faut en premier lieu expliquer comment se passe un mariage chez les Hamers. Tout d’abord, une petite précision : chez ces peuplades, le mariage d’amour n’existe pas. On ne se marie que pour des raisons financières. Voila ça s’est dit.
Il y a 2 cérémonies distinctes, séparées d’une période de 1 an. Durant la première cérémonie, les jeunes hommes doivent montrer qu’ils feront de bon époux et les femmes de bonnes épouses. A la fin de la cérémonie, le jeune homme a un an pour préparer son mariage. Il doit construire une maison, réunir une dote, se constituer un troupeau, etc… Durant toute cette période, il ne sait pas qui il va épouser (enfin… officiellement ). C’est son père qui s’occupe de lui trouver une femme convenable (entendez par là, d’une famille la plus riche possible) et de négocier le montant de la dote avec le père de celle-ci. Généralement, la dote est constitué de 3-4 vaches, une douzaine de chèvres et de 10 pots de miels.
Au bout d’un an, le jeune homme participe à une deuxième cérémonie, le fameux « Saut des Taureaux ». S’il réussit l’épreuve, il peut alors se marier. Son père lui dit alors secrètement quelle femme il a choisit pour lui. Le jeune homme va l’annoncer à sa promise (en lui glissant de la crotte de vache dans la main – c’est quand même moins cher qu’un solitaire ), qui apprend à ce moment-là qu’elle va se marier (officiellement encore une fois, je doute qu’il ne soit pas au courant de ce qui se trame dans leur dos ). Elle rentre alors chez elle. Le soir venu, le jeune homme en compagnie de ses amis se rend à la maison de son futur beau-père, lui donne la dote convenue, et ramène la demoiselle dans sa maison. On suppose que le mariage est vite consommé.

Nous aurons l’occasion de voir ces 2 cérémonies durant l’après-midi, certains jeunes participants à la première cérémonie, et un seul homme à la deuxième cérémonie (qui se déroulera uniquement en fin de soirée – c’est assez court)
Les différents rituels ne sont pas tous exécutés sur la place centrale du village. On se déplacera donc durant toute l’après-midi entre le lit de la rivière et les hauteurs du village.

Parlons maintenant de la première cérémonie : c’est une alternance entre dance, repos, et « interaction » entre les hommes et les femmes.
Les femmes sont toutes magnifiquement préparées, avec leurs plus beaux atours. Elles sont toutes dos nus (c’est important pour la suite) et portent au mollet des grelots faisant beaucoup de bruit lors des danses. Nombre d’entre elles utilisent aussi une trompette. Leurs cheveux sont finement tressés et elles ont le corps enduit d’ocre. Magnifique.

Elles dansent ainsi en cercle pendant ½ heure, puis vont s’assoir pour se reposer et recommencent encore et encore

Viens enfin le moment de rejoindre les futurs jeunes mariés, qui attendent à l’écart du village, sous un arbre prés de la rivière. Ce moment est le plus étrange, pour nous européen. Les hommes ont une obligation: montrer à toute la communauté que ce sont des hommes forts et qu’ils feront de bons époux.
Les femmes non mariées, elles, de leur coté doivent aussi montrer qu’elles sont fortes et feront de bonne épouses. Elles doivent aussi par leur comportement montrer quels hommes les attirent le plus. Et pour les soutenir dans cette épreuve, toutes les femmes du village (les sœurs, les cousines, leur mère, etc…) participe à la cérémonie et les soutiennent.

Le principe est simple : la femme doit défier l’homme. Elle danse devant lui, lui court après, le provoque du regard

S’il le faut, elle se chamaille entre elles pour que d’autres ne viennent pas courtiser l’homme qu’elles ont choisi.

Ensuite, elle force l’homme à prendre une sorte de grand roseau. Elle se poste devant lui, le défiant du regard, bras écartés

….. et SSLLLLLAAASHHHHHHHHHHHH !!!!

L’homme la fouette d’un grand coup. Le roseau s’enroule autour du bras et viens lacérer le dos (qui était nu dans cet objectif!!!). L’homme se doit de montrer qu’il est fort, et donc ne peut retenir son coup. Si c’était le cas, la femme lui tirerait la langue, ce qui constituerait un grave affront devant toute la communauté. Du coté de la femme, on encaisse le coup sans broncher ! Pas un cri, ni une larme

….. et au vu des photos, je peux vous assurer que ce n’est pas du chiquer !!

Et c’est ainsi pendant ½ heure environ. Les femmes pressent inlassablement les hommes, qui les fouettent à tour de bras. Une fois la « séance » finie, les femmes remontent au village et se désaltèrent.

Et ensuite on recommence : on danse, on se repose, et on retourne voir les hommes pour le « deuxième » service.


Enfin finalement, les séances de fouettage cessent. Les hommes se rassemblent sous un arbre, et se peignent mutuellement le visage.

C’est alors le seul moment où les touristes sont mis à contribution : les jeunes mariés leur foncent dessus et leur piquent leur APN afin de se faire des photos mutuellement et de pouvoir se regarder sur l’écran Ces peuples ne possèdent pas de miroirs mais s’ils adorent se regarder (ils n’arrêtent pas de dérégler les rétros des voitures d’ailleurs ).

Ensuite, tous les hommes se réunissent sous une pergola pour boire de la bière. Les jeunes mariés sont là, à la vue de tous.

C’est la fin de la première cérémonie. Les jeunes hommes ont maintenant un an pour préparer leur mariage. Durant cette période là, ils se raseront le devant du crane, mais laisseront le reste de leur cheveux pousser sans les couper.




Nous en venons donc à la deuxième cérémonie. Pour cette fois, il n’y a qu’un seul participant.
La première partie est constituée par une sorte de prière / rituel entre le futur marié et un ancien. Il utilise du miel et du lait d’après ce que l’on a pu voir. Cette partie là est secrète, et tous les jeunes hommes du village forment une barrière autour de la cérémonie.

Ensuite, nous sortons du village et attendons les troupeaux de vaches qui reviennent des pâturages. Une fois-là, les femmes excitent les animaux en dansant, en soufflant dans des trompettes et en bousculant les animaux.

Une fois le troupeau bien agité, les jeunes hommes de la première cérémonie choisissent une dizaine de taureau bien costaud !!

Et seul, ils maitrisent l’animal,

et forme une haie de taureaux. Les animaux sont ainsi maintenus.

C’est maintenant autour du futur jeune marié d’entrer en scène, complètement nu. Il doit sauter sur les taureaux et courir sur le dos.

A 4 reprises, il doit franchir les animaux !
S’il échoue une fois, il a le droit de recommencer. Mais si jamais il échoue une deuxième fois, il sera la honte de la communauté, les femmes le battront et il sera exclu de la société. Et jamais il n’aura l’autorisation de se marier … et donc d’être riche.


Voilà, c’est fini !
Le village va continuer à faire la fête durant les prochains jours. Quand à nous, il est temps de rentrer, la nuit tombe. Cette journée, pourtant mal débutée avec les Dassanech, finira en beauté avec une cérémonie extraordinaire et déroutante pour nous européens.


Je mets encore quelques photos que je trouve sympa et qui n’allait pas dans le récit.
Quelques gamins

Un des futurs jeunes marié (c’était le plus beau parti de tous les futurs mariés, athlétique et beau … il avait droit à toutes les demandes des jeunes filles)

Nombre de km: 200 km